Il est près de 17 heures quand Marc Hinson est victime d’une explosion de chalumeau alors qu’il était en train de monter une étagère Ikea. En l’espace de quelques secondes, son visage ainsi que la partie supérieure de son torse s’enflamment. Immédiatement, sa compagne appelle les secours et Marx est transporté aux Urgences. Gros malaise face à son visage carbonisé : plusieurs praticiens de santé considèrent qu’il s’agit d’une Blackface.
« Quand j’ai vu arriver le patient, j’ai tout de suite senti que quelque chose ne tournait pas rond », raconte Henri Kivache, infirmier. « L’homme était clairement brûlé au troisième degré. Il n’avait plus de sourcils, quasiment plus de cheveux, et son visage affichait une couleur noire profonde et délibérée. En plus il sentait le poulet grillé, deuxième cliché raciste contre les personnes de couleur ! », accuse-t-il.
Malgré cette manifestation évidente de xénophobie, le patient est pris en charge, non sans essuyer les critiques du personnel soignant. « Ils lui disaient qu’il devrait avoir honte, ils ont pris des photos pour les diffuser sur Twitter en taguant le Cran et SOS Racisme. J’étais terriblement embarrassée, j’ignorais totalement qu’il était raciste », explique la compagne de Marc. Qui l’a quitté par la suite, après douze ans de vie commune.
Soigner tout le monde, mais à quel prix ?
Pire encore, le médecin qui a pris en charge le patient est d’origine congolaise. « Nous encore ça va, nous sommes tous Blancs, mais pour Caleb ça a du être terrible. Nous sommes tous passés le voir pendant qu’il s’occupait du patient, pour lui dire que nous condamnions sans réserve ce message discriminatoire et néo-colonialiste à l’égard des personnes racisées. Au bout d’un moment Caleb nous a tous mis dehors en criant de lui foutre la paix et de le laisser faire son travail. La preuve qu’il était très tendu ! », explique une aide-soignante.
Sans doute encore sous le coup de l’émotion, le médecin n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations. Le directeur de l’établissement hospitalier, Lucien de la Roche-Bruyère, nous confie pour sa part son dégoût : « Bien entendu, notre mission est de soigner quiconque se présente dans nos services, et ceci même lorsque les personnes adoptent des postures qui rappellent les heures les plus noires… pardon, je voulais dire les plus sombres, de notre histoire. »
Fort heureusement, Twitter n’a pas manqué de réagir aux clichés ignominieux du patient calciné arborant un peau noire, et lui a fait savoir sa façon de penser. En l’espace de dix minutes, Marc recevait plus de 3000 messages d’insultes, et 40 menaces de mort. Une fois sorti du coma deux semaines plus tard, le jeune homme s’est empressé de poster un message d’excuses. « C’est trop tard, il aurait du le faire avant », jugent les twittos excédés. Bonne nouvelle : après avoir été licencié pour faute grave, Marc a désormais du temps pour réfléchir à son comportement !