Une abstention moins importante qu’annoncée, un score du FN plus bas que prévu et un PS qui, sans briller, dément toutefois l’apocalypse annoncée par les sondeurs : les résultats du premier tour des Élections Départementales auront réservé quelques surprises aux observateurs. Analyse.
Premier enseignement : les Français ont voté comme des cons.
Cette tendance forte qui se dégage des scrutins depuis ces soixante-dix dernières années se confirme encore aujourd’hui, à l’occasion des Départementales. Dans leur immense majorité, les Français s’attachent à voter comme des cons. Dans l’Aisne ou dans le Lot, le vote con se confirme, tandis qu’il prospère en Alsace comme en Corse.
La Meuse, l’Ardèche ou les départements bretons ont également voté comme des cons, de même que l’Aveyron, les Yvelines, la Franche-Comté, la Somme, le Var, l’Isère, la Haute-Volta ou le Cul-sur-la-Commode. Seuls Paris et Lyon échappent à la règle, leurs électeurs n’étant pas invités à se rendre aux urnes ce dimanche.
Politologue, chercheur au CNRS et collectionneur de briquets, André Lamanite décrypte : « les gens votent comme des cons parce que les gens sont cons. Et à mesure qu’ils seront de plus en plus cons, ils voteront de plus en plus comme des cons. Mais contrairement à ce que certains laissent entendre, cela n’a rien d’une spécificité française : le monde entier vote comme un con la plupart du temps ! »
Deuxième enseignement : les partis à la con tirent profit du vote con
En tête du plus grand nombre de cantons à l’issue du premier tour, l’UMP bénéficie largement de cette prédominance du vote con. Nicolas Sarkozy a naturellement salué la connerie de ses électeurs en écrivant sur sa page Facebook : « merci à tous les cons qui ont voté pour le parti dont je suis le président, et qui ont ainsi voté pour moi. Vive les cons, et vive la France ! »
Après avoir un temps envisagé Le Rassemblement, l’ancien Président a par ailleurs fait savoir qu’il allait proposer à ses partenaires politiques de rebaptiser l’UMP en « Quelle Bande de Cons ! » — « Certes, j’avais dit que je ne voulais pas d’un sigle, mais que voulez-vous que je vous dise ? Les cons aiment les sigles, et moi ça ne me coûte pas plus cher ! »
Marine Le Pen a, de son côté, tenu à rendre hommage à tous les cons qui ont voté pour son parti : « malgré les propos homophobes, racistes et antisémites de nombre de nos candidats, les électeurs se sont déplacés en masse pour voter Front National. Dans certains départements, même des chèvres estampillées Bleu Marine ont pu se qualifier pour le second tour. Nos idées progressent en même temps que la connerie, et cette connerie nous pouvons et nous devons en être fiers, car elle est le fondement de notre identité nationale ! »
Plus discret, Manuel Valls a juste essayé de tirer la couverture à lui en faisant passer le score plus bas que prévu du parti d’extrème-droite pour une victoire personnelle, sans s’étendre outre-mesure sur les mauvais résultats de la gauche. Une manière pour le Premier Ministre de se rapprocher des électeurs en se montrant autant, sinon plus con qu’ils ne le sont.
Emmanuel Macron a pour sa part déclaré qu’il était « heureux de voir (sa) famille politique obtenir des scores si élevés, y compris dans des départements traditionnellement détenus par la majorité, dont les actions délétères sapent la dynamique libérale dont notre pays a besoin pour redresser la tête. » Le ministre a, dans un second temps, retiré ses propos en expliquant qu’il avait « oublié qu’il était de gauche ».
Troisième enseignement : nous sommes tous dans la merde
Le philosophe et kinésithérapeute Albert Dunlop résume en quelques mots ce que chacun serait capable de résumer en quelques mots, ce qui est dans le fond le rôle du philosophe : « la connerie des électeurs, couplée à la connerie des citoyens en général, couplée à la connerie des pratiquants religieux, couplée à la connerie des consommateurs, couplée à la connerie des militants associatifs, couplée à la connerie des pouvoirs publics, couplée à la connerie des forces de l’ordre, couplée à la connerie des activistes politiques, aboutit à ce que nous sommes vraiment dans une merde noire. Ou plus précisément, pour reprendre la formule de Hegel, une gross schwarze Scheiße. »
André Lamanite surenchérit : « tout laisse à penser que le second tour de ce scrutin sera à l’image du premier. Les cons vont voter comme des cons et se plaindront ensuite comme des cons en accusant leurs voisins d’avoir voté comme des cons tout en oubliant eux-mêmes qu’ils ont voté comme des cons. Puis ils regarderont TF1. Nous sommes donc, objectivement, dans la merde. »
Rendez-vous est pris le 30 mars pour manger des fraises.