À Calais, le projet d’installation d’un camp de riches face à un bidonville occupé par plusieurs dizaines de migrants a provoqué des réactions d’une rare violence. L’indignation est à son comble.
« Connard ! », « Enculé ! », « Sac à merde ! », « Dégueulis de salopard ! », « Machine à chier du vomi ! » ou encore « Caca purulent de fils de pute ! »… Tels sont les noms d’oiseaux qui ont accueilli les organisateurs d’une réunion de quartier dans la ville, pourtant réputée paisible, de Calais.
Les raisons d’un tel déferlement de haine ? Le projet de la municipalité, soutenu par la Préfecture, d’installer un campement de riches en face de l’un des bidonvilles improvisés de la commune. « La situation devient urgente : avec leurs voitures de luxe, leurs skis et clubs de golf, leurs écrans plats géants et leurs caves à vin, nous ne savons plus où mettre nos riches », explique un porte-parole de la mairie pour justifier sa décision.
Le Préfet surenchérit : « Nous sommes face à une situation humanitaire d’une rare ampleur. Si nous n’agissons pas, certains membres de familles de riches pourraient se voir contraints de dormir au même étage de leur maison, voire de partager la même salle de bain. Ce sont des situations que nous devons éviter à tout prix ».
Mais les migrants qui occupent le bidonville face au terrain du futur campement de riches ne l’entendent pas de cette oreille et se sont invité à la réunion publique organisée par la mairie. Huées, bousculades et insultes.
« Pas de ça chez nous ! », s’égosille Ahmed, un jeune irakien de 25 ans qui tente de faire des gestes obscènes avec les trois doigts qui lui restent à la main droite. « Les riches n’ont qu’à retourner à Monaco ! », crie une jeune femme voilée, affichant sans gêne sa prospérophobie.
« Je ne suis pas raciste, mais les riches sont tous des salopards, résume froidement Fethawi, qui a fui l’Érythrée et réside dans différents bidonvilles depuis deux ans. Je n’ai pas fui la torture et la tyrannie pour me retrouver en face de gens qui puent le parfum de luxe, roulent dans des grosses voitures polluantes avec chauffeur, mangent du caviar à l’huile de palme et confient leurs enfants à des curés pédophiles ! »
Face à la violence du public, la réunion publique a été annulée et la police a fait évacuer les lieux, tirant à balles réelles sur les migrants, ainsi que les dernières directives du Ministère de l’Intérieur les y autorise.
Le représentant de la mairie ne cache pas sa déception. « L’intolérance de tous ces pauvres est insupportable. Il y a moins de 0,5 % de riches dans les zones occupées par des tentes de crève-la-faim. Qu’ils le veuillent ou non, nous implanterons des courts de tennis et des piscines chauffées surveillées par des vigiles et des dobermans. La mixité sociale est à ce prix ! »
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