Difficile de l’ignorer : Nicolas Sarkozy est de retour dans l’arène politique. Un message posté sur Facebook, puis un entretien au 20 Heures de France 2 ont validé la candidature de l’ex-Président à la tête de l’UMP. Une communication mûrement réfléchie, qui ne s’est pas faite sans concertation, ni relectures attentives. Le Never Trust est cependant fier de vous présenter le texte que Nicolas Sarkozy comptait initialement publier, avant que d’en être dissuadé par son équipe de campagne. Mais trève de bavardages, et laissons la parole au grand homme.
« Françaises, Français,
Ainsi que vous le savez, cela fait maintenant deux ans que je ne suis pas parti. Il était donc grand temps que je revienne.
J’avais clairement dit que, si je perdais les élections de 2012, je me retirerais de la vie politique. Cette promesse n’engageait évidemment que l’homme, et non le Président que j’étais et que je vais redevenir. Or, l’homme est faillible : il est donc parfaitement normal que je ne tienne pas ma parole.
C’est d’autant plus normal que je n’avais fait cette promesse qu’en pensant qu’elle inciterait les Français à voter pour moi. Or, c’est l’inverse qui s’est produit, elle n’a fait que motiver le vote en faveur de mon concurrent. Dès lors, suis-je tenu de respecter une promesse qui m’a porté préjudice ? Je ne le pense pas, et ma femme non plus.
C’est d’ailleurs à ma femme que je pense aujourd’hui en me présentant devant vous. Hier, entre deux nourrices et quelques photos pour Paris Match, Carla m’a dit : « Ma chéri ! Si tou n’es plous Présidente de la Répoublique, je suis quoi moi ? La femme au foyer d’oune conférencier ? » Oui, quand Carla est en colère, elle prend l’accent espagnol. J’ai compris ce qu’il me restait à faire.
Ces deux années de non-présidence de ma République m’ont été profitables. J’ai réfléchi. Ça m’a donné mal à la tête donc j’ai vite arrêté, mais tout de même j’ai réfléchi dix, sinon quinze bonnes minutes. Je m’en souviens très bien, il pleuvait. Et j’en ai conclus que ce que je devais à ma femme, je le dois aussi à mon pays. Mon grand pays. Mon beau pays, roi des forêts. Mon pays qui m’a tant apporté, et qui devrait continuer à le faire.
Aujourd’hui, plus que jamais, je me sens en phase avec les Français. Les Français détestent François Hollande ? Moi aussi. Pas seulement parce qu’il m’a battu, mais parce qu’il avait l’air content de le faire. Quelle honte ! Se réjouir publiquement de la défaite d’un grand homme d’État tel que moi, cela relève de la haute trahison.
Comme tous les Français, je souhaite que François Hollande ne soit pas réélu en 2017. Comme tous les Français, je souhaite que JE sois réélu en 2017, que je puisse de nouveau m’augmenter de 200 %, et nommer mon fils à la tête de la Banque de France car, depuis le temps, il a fini par valider sa licence.
En attendant, je brigue la présidence de l’UMP. Faute de grives, on mange de la merde. Il va de soi que je suis le Président que les militants attendent, car l’UMP a besoin d’un chef. Comment peut-on espérer tenir les rênes d’une des plus anciennes démocraties du monde moderne si l’on ne fait pas preuve d’une pleine et entière dévotion envers la figure d’un dirigeant unique ?
Je m’interroge évidemment sur les raisons de mon échec en 2012. Et j’en arrive à la conclusion évidente que ce n’était pas MON échec, mais celui de tous ceux qui n’ont pas voté pour moi et le regrettent aujourd’hui. Je veux qu’ils le sachent, je veux qu’ils l’entendent : je ne leur en veux plus. Et même : je leur pardonne.
J’entends des voix me parler d’affaires judiciaires, mais je veux dire ceci : les juges sont méchants. Ils le sont en Italie, ils le sont en France, c’est dans leur nature. Je suis un avocat, je sais de quoi je parle. Il m’est arrivé de plaider, une fois, parce que mon confrère était en retard, et j’ai bien vu dans l’oeil du juge cette envie profonde de ne pas me croire, qui est la marque d’indignité la plus basse dont on puisse faire preuve.
Non, je n’ai rien à me reprocher, et donc personne ne doit me reprocher quoi que ce soit. Si j’ai plusieurs téléphones, c’est parce que je les perds tout le temps. Si certains sont enregistrés sous un fausse identité, c’est parce que je n’ai pas la mémoire des noms. Et si les policiers me mettent en garde à vue, c’est parce qu’ils aiment me regarder.
J’entends également des fâcheux prétendre que j’ai ruiné l’UMP. C’est faux. Je ne suis pas l’homme d’un parti, d’un clan, d’une tribu. Je n’ai pas ruiné l’UMP, j’ai ruiné la France toute entière, cette France que j’aime et dont j’ai honte quand je ne la préside pas. C’est ma patrie. C’est mon destin. C’est votre problème.
Pour présider l’UMP et préparer mon retour à l’Élysée, j’aurai besoin de tout le monde. J’aurai besoin de François Fillon, pour s’assurer que mon tapis rouge ne fait pas de bosses. J’aurai besoin d’Alain Juppé, pour donner un pourboire au chauffeur. J’aurai besoin des flics, pour espionner les juges. J’aurai besoin des islamistes, pour justifier mes lois liberticides. J’aurai besoin de Rachida Dati, parce qu’elle me fait rire.
Mais surtout, j’aurai besoin de vous, Françaises, Français. Aidez-moi. Aidez-moi à redevenir votre Président, LE Président, le seul qui ait jamais présidé. Ensemble tout est possible, mais seul tout est bien mieux. Et si François Hollande est incapable de prendre une décision, votez pour un homme qui a le courage de prendre les mauvaises.
Demain l’UMP. Après demain, la France. Et puis, l’Europe. Et puis, peut-être : le Monde ! Je connais les codes, je ne les ai pas oubliés. En bon avocat d’affaires que je suis, je sais que les écrits s’envolent mais que les chiffres restent. Pour que la France de nouveau puisse entrer dans l’Histoire, je vous le dis, Françaises, Français, votez pour moi. Je sais que je vous manque, mais une fois élu, rassurez-vous : je ne vais pas vous manquer ! »
Publié à l’origine sur le blog nevertrust.over-blog.com