D’un côté, il y a les gays. Barbares et pervers, ils se retrouvent avec le sourire du démon pour s’amuser entre-eux sans déranger personne. De l’autre, il y a monsieur Alaouakbar. Illuminé par la grâce divine et porteur d’une moralité sans failles, il massacre à l’arme de guerre des innocents. Les premiers sont des sodomites. Le second est un enculé.
À présent, tout le monde est Orlando. Tout le monde est gay. Ça ne va pas faciliter ceux qui veulent encore sortir du placard, mais c’est ainsi.
Même Wauquiez, qui considérait que l’homosexualité ne fait « pas partie de ses valeurs », affiche sa solidarité. Même Boutin, qui considérait que l’homosexualité est « une abomination », affiche sa solidarité. Et même le Pape, qui s’est battu pour que la France ne dépêche pas un ambassadeur homosexuel au Vatican, affiche sa solidarité.
En attendant une chanson hommage de Maître Gims, lui qui scanda en son temps : « Je crois qu’il est grand temps que les pédés périssent. Coupe-leur le pénis, laisse-les morts, retrouvés sur le périphérique » ?
Mais si seulement le bal des hypocrites n’étaient ouverts qu’aux homophobes patentés ! Où sont-ils, les relativistes pavloviens ? Eux qui considéraient que l’on a trop parlé de Charlie, trop parlé du Bataclan, vont-ils oser dire que l’on parle trop d’Orlando, au risque de se voir taxés d’homophobes ?
Ces Américains gays, pourtant, étaient des américains typiques. Purs produits de l’occident, de la société de consommation, de l’impérialisme ricain, du Mal Blanc. S’ils avaient été hétéros, nombre de ceux qui les pleurent aujourd’hui auraient ricané de leur mort, sinon jugé qu’ils l’ont bien cherché.
Et pendant ce temps, le refrain reste « pas d’amalgame ». Non, en effet, ce fou dangereux qui a tiré dans le tas ne représente pas les musulmans. Mais il représente le monothéisme dans son ensemble, ces religions du Livre qui professent l’homophobie, qui professent la phallocratie, qui professent la xénophobie, et s’étonnent ensuite quand des âmes fragiles finissent par se lasser de la théorie pour passer à la pratique.
Si les religieux – c’est à dire TOUS les religieux de TOUTES les religions – veulent tirer quelque chose de positif sur ce massacre, qu’ils s’interrogent sur les bases idéologiques même de leurs cultes. Et qu’ils cessent enfin d’expliquer que Dieu est amour pour se demander comment il pourrait le devenir.
En attendant, voici cinquante nouvelles victimes à rajouter à son tableau de chasse. Cela fait beaucoup, encore une fois. Surtout pour quelqu’un qui n’existe pas.